Flo et Yo ont le toc du sourire, le virus de la bougeotte et des pulsions d’exploration. Rien de bien grave me direz-vous, ça se soigne.
Pourtant ces deux nomades, liés au monde de la médecine, se sont lancés le défi de nous éclairer sur la conception du soin dans le monde. Des voyages prometteurs sur 3 ans, un tour du monde d’une année en 2015 et la création de leur association Care Conception Through the World, ont déjà bien amorçé le succès annoncé de cette mission « médico-voyageuse ».
Une démarche qui les fait passer définitivement du statut de nomades à celui de donneurs de sourires. Une auscultation en règle s’imposait donc. Entretien et traitement de choc à base de sourires. Rencontre avec Florence et Yohan.
– Bonjour Flo&Yo. Alors, commençons par les présentations. Florence, comment décrirais-tu Yohan ? Et inversement.
Florence est âgée de 28 ans, plutôt grande du haut de ses 1m71, elle est étudiante en ce moment.
Yohan : Florence ou plutôt « Flo » c’est la fille sympa, toujours souriante. Elle est aussi sérieuse dans ce qu’elle entreprend, le tout avec une aisance déconcertante qui en dégouterait plus d’un (dont moi). Toujours là quand il faut, Florence c’est également la bonne copine. Elle t’écoute quand ça ne va pas. T’épaule quand tu en as besoin. Mais si jamais elle s’estime trompée ou trahie, elle n’accordera pas sa confiance une seconde fois. Avec Florence on a toujours été sur la même longueur d’onde, depuis que l’on se connaît (9 ans) et il est assez fréquent que nous partagions les mêmes idées au même moment. Comme des frères et sœurs, c’est un peu bizarre quand on y réfléchit…
Florence est une communicante, dans une conversation elle met toujours son interlocuteur en premier plan, et elle fera passer sa vie après. C’est le comportement opposé des gens qu’on appelle entre nous deux « les moi je ». D’un relationnel plutôt facile, elle est très sociable en communauté. Très ouverte sur ce qui l’entoure, en voyage rien ne lui fait peur, elle goûte à tout et elle aime partir à la découverte, c’est plutôt moi qui la freine dans ses ardeurs ! Elle est aussi très sportive, en ce moment elle joue au volley dans un petit club de notre ville.
Bref comme dirais la pub du même nom « Florence, c’est ma nana ! ».
Yohan, 31ans, 1m95 d’envergure, ancien sportif de haut-niveau. Il est actuellement aide-soignant.
Florence : Yohan dit « Yo » est un mec passionné et passionnant : il se donne à 200% dans tout ce qu’il entreprend, que se soit dans les relations humaines comme dans des projets tel que Care Conception.
Dans la rue, ce sera le mec souriant prêt à vous renseigner. Dans les magasins ce sera le gars qui vous aidera à attraper la dernière boite tout en haut de l’étale. Au boulot ce sera le collègue qui vous transmet sa bonne humeur et le soignant qui prendra le temps de vous écouter. Entre amis, c’est celui qui s’intéressera à tout ce que vous faites. A la maison, vous le trouverez devant son mac, la boite de Haribo pas loin, à plancher sur les montages vidéos et les nouveautés hight-tech du moment. Dans ma vie, c’est l’homme sur qui je peux compter pour me soutenir et m’encourager.
Bref, c’est un mec bien.
– Comment est née votre envie mutuelle de voyage ?
C’est né d’une grosse envie de bouger, de faire une coupure dans un monde où tout va à 200 à l’heure. Pour en revenir vraiment à l’origine même, à 27 ans j’ai choisi (Yo) de me réorienter après une courte carrière de sportif de haut niveau. Le métier de soignant me paraissait être une évidence, avec des valeurs qui ressemblaient plus à mon tempérament, empathie, écoute, aide, soins… Une fois diplômé j’ai commencé ma carrière à l’hôpital dans un service pour personnes âgées, où là j’ai découvert un univers aux antipodes de ce que je concevais du soin, et de ce que j’avais appris en formation. Rigueur, rapidité, rentabilité et oui j’étais bien à l’hôpital public. En 4 ans de carrière j’ai travaillé en Oncologie, en Diabétologie, au bloc opératoire et aux urgences. Tout va toujours plus vite, les conditions de travail dans certains services, sont terribles.
De plus, il y a une grosse pénurie de personnel : on embauche des gens qui ne sont pas du tout formés, et sont maltraitants inconsciemment. Certains patients ne sont pas commodes non plus, et se croit à l’hôtel, nous avons déjà entendu des « je paye donc j’ai droit », surtout aux urgences. C’est pour toutes ces raisons que le break était nécessaire. Afin de se recentrer sur des valeurs qui nous semblaient plus importantes. Nous avons vraiment le désir de prendre le temps de découvrir les autres, et ailleurs. D’aller chez les gens et les écouter nous parler de leur vie, de leur expérience, de leurs souhaits. De là sont nés notre tour du monde et notre association.
– Justement, pouvez-vous nous présenter votre association en quelques mots ?
Notre association se nomme Care Conception Through the World, en français ça pourrait se traduire par la conception du soin autour du monde. Durant nos voyages nous allons à la rencontre de soignants et de patients, et nous les interrogeons. Nous voulons qu‘ils nous expliquent leur conception du soin, la manière dont ils sont soignés, la place de la religion dans le soin, la place de la famille, de la culture…
«Nous n’allons surtout pas dans les différents pays pour imposer notre culture occidentale aux autres, nos pratiques ou notre vision du soin. Nous irons en spectateurs privilégiés. Même si nous sommes des professionnels de santé en France, notre but est d’apprendre des autres et de progresser dans nos pratiques soignantes, mais aussi en tant qu’être humain.»
Care Conception Through the World est né d’un mix de nos diverses passions : photo, vidéo, voyage et pratiques soignantes. Notre méthode pour nous insérer dans la vie locale sera le couchsurfing et le travail dans des associations humanitaires. Nous pensons que pour intégrer la population, pouvoir ressentir et retranscrire les mœurs locales dans nos articles, il faut travailler et s’insérer dans la vie économique d’un pays.
En voyage nous sommes amenés à rencontrer des individus, familles, associations en difficulté et pour qui nous aimerions aller plus loin en les aidant financièrement. Nous avons donc décidé de reverser la moitié des cotisations de nos adhérents. Les dons faits à notre association permettrons de financer des initiatives locales que nous estimerons fidèle à notre éthique, ou à des gens qui en ont tout simplement besoin. Pour en savoir plus.
– Vous êtes de retour de La Réunion. Comment ça s’est passé ? Avez-vous fait de belles rencontres, croisé de beaux sourires ?
Nous sommes partis en pays conquis, Yo est originaire de La Réunion, ses parents sont toujours là bas. Nous avons voulu lancer le projet là-bas pour le clin d’œil, et voir à l’avenir ce qui sera faisable ou non en voyage. Au final c’est assez surpris que l’on ramène en France plus de 200 Go de photos et de vidéos.
Petit coin de Réunion
L’île est magnifique, même si c’est notre deuxième voyage là bas, nous avons apprécié et découvert des choses auxquelles nous ne faisions pas attention avant. De plus, Florence effectuait un stage au service de Radiologie du nouvel Hôpital de Saint Benoit, dans l’Est de l’ile. Nous avons ainsi rencontré plus de 15 soignants : infirmiers, kinésithérapeutes, médecins, aide soignants, manip radio…
Et il semblerait que les Réunionnais ont découvert le gêne de la gentilesse ! Tant dans l’accueil, que dans la manière d’être. ils sont très souriants et chaleureux. La Réunion, c’est un formidable melting-pot culturel et religieux qui vit en parfaite symbiose.
Ça sent bon la vanille !
Une fois de retour à Paris nous avons vite déchanté, pas tant par le froid mais par la manière d’être et de vivre de certains métropolitains. Sans stigmatiser ces gens, nous remarquons simplement qu’à la Reunion, les gens savent râler avec le sourire, et ça change pas mal de chose. Pour vous en rendre compte, pas la peine de faire les 10 000km qui nous sépare de l’île. Il suffit de se brancher sur radio Freedom sur Internet. C’est une radio communautaire assez impressionnante et qui vaut le détour. Grâce à elle, vous découvrirez le sport national : le « la di la fé » ! Nous préparons d’ailleurs un article sur cette radio pas comme les autres.
Pour en avoir plus sur le soin à La Réunion nous venons de monter un premier épisode, que vous pouvez voir ici :
Care Conception Through the World episode 1 from Flo&Yo on Vimeo.
– L’apogée de votre démarche sera votre tour du monde en 2015 c’est ça ? Tout est prêt ? Vous avez déjà des contacts sur place ?
Effectivement notre tour du monde ne sera possible qu’après nos études, c’est à dire en 2015. Mais d’ici là nous n’allons pas nous croiser les bras. Vous pouvez déjà vous en rendre compte avec la première étape réunionnaise. Durant nos stages, nous essaierons de nous déplacer à l’étranger, et aussi pendant nos vacances. Nous pensons pouvoir faire 2 ou 3 étapes européennes d’ici 2015. Nous sommes aussi très attirés par les îles de l’Océan Indien, comme l’île Maurice, Madagascar, ou les Comores. C’est donc un projet et une association voués à se développer sur le long terme avec comme unique but de partager avec nos lecteurs. Pour le moment nous avons quelques contacts avec des infirmiers Globe Trotter. Mais rien de concret encore…
Un sourire de la Réunion
– Que pensez-vous de l’histoire de Céline, infirmière à Bénarès ? Peut-être pourriez-vous la rencontrer lors de votre expédition et faire un reportage sur les soins en Inde ?
Céline est clairement le genre de personne que nous souhaitons rencontrer. Des soignants extraordinaires, qui ont leur vie tournée vers les autres. Nous serons ravie de la rencontrer, et aussi l’aider dans des actions de bénévolat pendant quelques temps. Un futur infirmier et une future Manip Radio, ca peut servir non ?
– Oui, tout à fait. Et je ne manquerai pas de vous mettre en relation le moment venu.
– Quel pays attendez-vous avec impatience, et celui que vous appréhendez le plus ?
Le Québec, j’ai lu quelques articles sur les pratiques soignantes, et ils ont définitivement une longueur d’avance sur nous. D’une part grâce à leur approche dans le soin, mais aussi dans leur proximité par rapport aux Etats-Unis qui doivent leur être profitable d’un point de vue organisationnel et technologique. Après nous n’avons pas d’appréhension sur les pays mais plutôt sur le fait d’avoir des difficultés pour les autorisations de filmer dans les grands établissements.
– Que représente pour vous le sourire en général et particulièrement en voyage ?
Il est pour nous un signe extérieur très fort, fondamental même. C’est déjà une forme d’échange, un mode de communication à part entière qui s’accompagne souvent d’un regard. Dans notre cas, c’est l’élément premier auquel nous faisons attention chez les gens. Nous sommes convaincus qu’avec un sourire on peut faire beaucoup de choses et cela peut faire tomber beaucoup de barrières. Un sourire apporte du réconfort, et un message de sympathie, d’écoute à nos interlocuteurs.
Selon Wikipedia, il existe entre 3 000 et 7 000 langues vivantes, et je pense que le sourire est clairement le seul mode de communication compris de tous ! Alors l’arborer en voyage, surtout pour une personne qui souhaite connaître d’autres peuples, s’intégrer dans la vie locale et dormir chez l’habitant, c’est primordial.
C’est la seule monnaie qui est valable dans tous les pays du monde.
– Entièrement d’accord avec vous. Il ne me reste plus qu’à vous remercier de cette interview dense mais enrichissante. Sourires Nomades vous suivra de près et je serai ravi de parler encore un peu de votre projet d’ici 2015. En attendant félicitations pour votre initiative, et bien sûr, gardez votre sourire. Il vous, et nous, portera très loin !
Pour contacter ou retrouvrer Flo&Yo sur Internet, une seule adresse : www.floetyo.com
+ Leur compte Facebook : www.facebook.com/floetyo
+ Leur compte Twitter : @FloetYo
