Elle a été l’une des premières donneuses de sourires à l’honneur du blog. 10 ans plus tard, Céline et son association Un Rêve Indien , sont toujours là, aux petits soins de ceux qui en ont besoin.
Elle a ouvert un dispensaire dans la ville de Bénarès (Varanasi) en Inde en septembre 2012. Tous les soins infirmiers réalisés (pansements) sont gratuits. Quant à la consultation médicale avec le médecin, elle coûte seulement 20 Roupies (environ 0,20 euro) incluant 3 à 4 jours de médicaments.
Alors pour lancer cette nouvelle année, voici quelques nouvelles de Céline et des personnes qui l’accompagnent dans cette belle aventure solidaire.
Bonjour Céline. Quel beau chemin parcouru depuis 10 ans. L’action d’un Rêve Indien est une vraie réussite ?
Notre plus belle réussite se produit effectivement chaque jour, lorsque nos patients repartent avec le sourire.
Sur un plan plus médical, notre intervention pour des plaies très importantes a permis à certains patients de cicatriser en quelques mois et d’éviter une opération.
En France, une hospitalisation avec un traitement intra-veineux aurait certainement été nécessaire. Je pense notamment à des brulures étendues, des ulcères importants, des accidents de machines etc…
Aujourd’hui, nous sommes trois personnes qui interviennent quotidiennement au dispensaire, et le médecin est avec nous, deux fois par semaine.
Justement, peux-tu dire un mot sur Soni et Kajal et le Dr Sanjay qui composent cette équipe souriante ?
Soni est la personne avec qui j’ai ouvert le dispensaire en septembre 2012. Quand je suis arrivée a Bénarès en 2009, j’ai travaillé pour une autre association qui avait un dispensaire, Soni était une patiente à l’époque. Elle avait des plaies multiples, des difficultés à se déplacer dues a une polyarthrite rhumatoïde etc…
Mais malgré ça, et parfois plus d’une heure de soins, elle trouvait toujours un mot pour nous faire rire. Son courage, sa détermination et cette envie de s’en sortir m’avaient beaucoup touché. Elle n’était jamais allée à l’école, ne savait lire ni écrire, mais elle avait un rêve, celui d’aider les autres comme on l’avait aidé.
Ses plaies ont cicatrisé, et les nombreuses heures de pansements au dispensaire ont débouché sur une belle amitié. J’ai décidé de lui donner sa chance. Peu importe le temps et l’énergie que ça me coûterait, mais sa détermination devait être récompensée. C’est comme ça que je lui ai proposé de travailler avec moi lors de l’ouverture du dispensaire. Je lui est donc appris à réaliser les pansements. Nous effectuons les mêmes gestes maintenant, ça fait 8 ans qu’elle fait partie de l’équipe.
Kajal travaille avec nous depuis 1 an mais elle avait déjà effectué quelques remplacements au dispensaire.
Parmi ses missions, elle tient notamment les différents registres d’enregistrement des patients.
Prochainement, elle devrait passer des concours qui ont été décalés à cause du Covid. A l’avenir, elle ne restera donc pas au dispensaire.
Pour autant, nous aimerions avoir un nouveau soignant, dans l’équipe. Si possible un homme. Car culture différente oblige, nous ne pouvons réaliser certains soins en tant que femmes lorsqu’il s’agit d’un patient homme.
Dr Sanjay qui travaille avec nous 2 jours par semaine pour effectuer des consultations médicales.
Il a rejoint l’équipe il y a 5 ans. Le reste du temps, il travaille au sein de sa clinique à la périphérie de Bénarès.
Combien de soins sont réalisés chaque jour ?
Ça dépend des périodes de l’année. Il y a une recrudescence de soins durant la période très chaude et durant la mousson. Nous pouvons avoir jusqu’à 50-60 patients par matinée. En générale, on tourne plutôt autour d’une trentaine de patients par matinée.
Après, durant l’hiver, il y a souvent de nombreuses brûlures liées aux feux de bois que les gens font pour se réchauffer, sans mesure de protection bien sûr.
Quelles difficultés rencontrent l’association un Rêve Indien ? Et quels sont ses besoins ?
La difficulté majeure reste au niveau du local puisque nous sommes locataires, et nous en sommes à notre quatrième local en 8 ans.
Les propriétaires, en plus de demander un loyer élevé, n’effectuent pas les travaux nécessaires (fuite d’eau etc…), voir ne nous donnent plus d’accès a l’eau (ce qui est indispensable pour un dispensaire).
Les besoins sont au niveau du matériel de soins infirmiers (bandes, gants, compresses…). On trouve ce matériel en Inde, mais la qualité n’est pas la même. Faire un pansement en appliquant une compresse non tissée donc « douce » permet de retirer le pansement de façon non traumatique car la compresse ne sera pas collée dans la plaie, ce qui n’est pas le cas avec les compresses de gaz que l’on trouve en Inde.
D’ailleurs si des voyageurs à l’avenir ont de la place dans leurs valises et souhaitent nous aider en acheminant du matériel de soins de France à Bénarès. N’hésitez pas à me contacter à cette adresse mail : unreveindien@hotmail.fr
L’association Un Rêve Indien peut faire parvenir un colis correspondant au poids que vous pouvez emporter. Il n’y a pas d’aiguilles ou de lames etc… Seulement des pansements, des compresses, des gants etc…
Comment se vit la pandémie du COVID-19 en Inde ? Elle change ton quotidien ? Et celui de tes patients ?
La pandémie en Inde a commencé environ 15 jours- 3 semaines après la France. Au début, elle a été marquée par un confinement strict. Le dispensaire est alors resté fermé 1 mois. Puis, nous avons souhaité rouvrir rapidement car il y avait des demandes de la part des patients. Rares étaient les endroits où ils pouvaient se faire soigner… surtout gratuitement. La condition pour rouvrir était de trouver des masques avec une protection suffisante (les fameux masques FFP2) et trouver aussi des sur-blouses etc…
Après ce confinement, nous avons pu rouvrir, en mettant en place de nouvelles règles de protection pour tous (patients et soignants) : port du masque obligatoire dans l’espace attente et au sein du dispensaire, désinfection des mains avec gel hydro-alcoolique, prise de température, port de masque FFP2 et de sur-blouse, charlotte et sur-chaussures pour l’équipe etc…
Il a aussi fallu demander à chacun sa carte d’identité de façon à établir un registre et pouvoir ainsi tracer les patients en cas de cas contacts (si toutefois un cas de coronavirus était avéré). Nous avons établi ce registre début juillet, et depuis nous avons identifié un panel de 700 patients.
Ce qui a changé pour nous, c’est donc toutes ces nouvelles mesures de protection à appliquer et faire appliquer. Quant aux patients, beaucoup d’entre eux nous faisaient part durant le confinement de leurs difficultés à être sans travail etc… Beaucoup d’aides se sont mises en place, notamment au niveau de la distribution de nourriture pour les personnes dans le besoin (certains postes de police ont participé, des associations etc…) Notre assocation a aussi effectué plusieurs distributions de repas dans un quartier pauvre de la ville.
Quelles sont les actions du moment et les projets à venir pour l’association « Un Rêve Indien » ?
Déjà pouvoir continuer notre action à Bénarès au sein de notre dispensaire. Nous participons aussi depuis fin décembre à la formation de futurs « soignants » : formation donnée en matière de pansements seulement, il ne s’agit en aucun cas d’une formation d’infirmière. On nous a dit que nous représentions un modèle de soins en terme de qualité et d’hygiène, ça fait plaisir.
Nous avons aussi donné en 2020 deux formations aux gestes d’urgence pour les équipes de l’ONG Ramakrishna Mission qui interviennent dans les villages, ainsi qu’un rappel des gestes à faire et ne pas faire par rapport au Covid pour 50 professeurs d’une école en périphérie de Bénarès. A l’avenir, nous pourrions envisager pourquoi pas, l’ouverture d’un deuxième dispensaire.