Ce sourire ravageur est certainement l’une des plus émouvantes rencontres de notre voyage en Inde du Sud. Ce matin là, à Kochi, une balade improvisée nous a emmené vers une partie de la ville délaissée par les touristes. Le quartier résidentiel avec ses maisons colorées s’effaçait loin derrière nous quand une nouvelle fois, le hasard a récompensé notre curiosité.
Quelques mètres auparavant, j’avais déjà repéré le déhanché de ce petit garçon qui, visiblement, défilait pour le plus grand plaisir de son père. En venant se présenter devant moi, son sourire m’a dit de jeter un œil à sa belle chemise toute juste achetée par sa maman. Je touchais donc la texture du tissu, puis une grimace et un pouce levé ont suffit à lui décrocher des sourires en rafale. 😉
Attirés par les rires, ses parents nous ont spontanément invité à boire le thé dans leur modeste foyer. Leurs sourires m’ont dit que nous recevoir chez eux restait un privilège. Le quartier est rarement fréquenté par des étrangers et notre présence a naturellement attiré un voisinage tout aussi amical et souriant.
Entre deux gorgées de thé bien chaud, le père sortit de son portefeuille une photo familiale datant de 3 ans. On y voyait son couple, son fils, mais également une jeune fille. Après quelques échanges, je compris malheureusement qu’elle n’était plus de ce monde et que ce jeune garçon portait désormais, l’espoir de toute une famille.
D’ailleurs, l’enthousiasme de son sourire m’a dit qu’il adorait dessiner, écrire ou apprendre de nouveaux mots. L’anglais ne lui faisait pas peur et durant notre dégustation, il s’est joyeusement plongé dans son cahier d’illustrations «made in England».
Mon sourire lui dit que j’admire la volonté de ses parents qui, faute de moyens suffisants pour l’envoyer à l’école, l’instruisent à domicile. Malgré des conditions de vie difficiles, son sourire communicatif éclabousse de bonne humeur une famille soudée autour de lui. Avant notre départ, ils se sont préparés tous les trois pour faire la photo qui a certainement rejoint le portefeuille du papa. Quant à l’agrandissement également transmis par voie postale, il doit avoir trouvé une place de choix sur le mur décrépi de la pièce principale. 🙂
Dès mon retour en France, un colis (avec photos, crayons de couleurs et cahiers de dessins) est parti en direction de Kochi. J’espère qu’à sa réception, il a distribué un peu de sourires dans le quotidien de cette adorable famille. 🙂