Pour cette seconde étape bolivienne j’aimerais aborder une question que certains voyageurs se poseront certainement en arrivant à Potosi. Dois-je faire la visite des mines ?
Réputée pour être la plus haute ville du monde, à quelques villages népalais près, Potosi se situe à plus de 4000 mètres d’altitude avec comme principale attraction touristique, la visite des mines du mont Cerro Rico.
Cette célèbre montagne bolivienne a été la mère nourricière d’une époque phare, celle de l’exploitation de l’argent au XVIe siècle. Depuis cet âge d’or, la situation économique s’est dégradée et les mines du Cerro Rico sont pratiquement épuisées. Pourtant, il existe toujours une activité minière, organisée autour de coopératives, et couplée maintenant depuis plusieurs années à une activité touristique. Celle-ci, à mon sens, pose question.
Vous trouverez beaucoup de témoignages de blogueurs et autres forumeurs qui justifient leur choix de visiter ou non la mine. Je vous invite d’ailleurs à lire l’excellent billet d’Adeline du blog Voyages etc… qui relate son expérience minière.
Pour ma part, je n’y suis pas allé.
Je ne vais pas vous sortir une batterie d’arguments sur le voyeurisme ou le tourisme de misère, j’avoue que cet axe me paraît difficile à exploiter, tant le sujet est délicat, et les avis divergents.
Alors oui, une partie des bénéfices des visites est certainement reversé aux mineurs. Oui, il est toujours intéressant de constater par soi-même leurs conditions de travail dantesques. Mais j’avoue qu’une fois sur place, ça ne m’a pas convaincu.
Un sommet au fond du trou
Une chôse est certaine, l’exploitation du Cerro Rico s’arrêtera un jour.
En partant de ce postulat, j’ai démarré ma réflexion en répondant à cette première question : ai-je besoin d’aller dans ces mines pour être conscient qu’y travailler n’est pas une sinécure ? La réponse est non. Puis, après avoir discuté et échangé avec les locaux, j’ai constaté que la problématique était beaucoup plus large.
Aujourd’hui le Cerro Rico se meurt.
Des siècles d’exploitation ont modifié son allure de roc en un gruyère de pierre. Je sais qu’il est difficile d’imaginer une montagne mourir, mais le sommet de Potosi est au fond du trou. Il se déforme au rythme des éboulements, qui tuent des mineurs chaque semaine.
Seulement voilà pour les habitants de Potosi et plus largement pour les Boliviens, le Cerro Rico est certes une source de revenus indispensable. Pourtant il est mais aussi et surtout un véritable patrimoine, aujourd’hui en péril. Ils sont ainsi partagés entre la préservation de l’activité économique existante malgré le danger, et l’avenir de leur montagne sacrée.
C’est pourquoi, même si comme Marie-Julie Gagnon de Taxibrousse « je crois au tourisme comme outil de développement dans les communautés », j’ai décidé, après mûre réflexion, de ne pas participer à cette activité touristique, peu adaptée à la situation.
Elle est certes un revenu complémentaire pour certains mineurs, mais je ne souhaite pas les inciter à poursuivre leur labeur, ni à aller jusqu’à l’épuisement inéluctable du Cerro Rico. Si la montagne s’effondre et devient « un plat pays » à 4000 m d’altitude, ils n’auront alors vraiment plus rien, plus patrimoine, plus de montagne sacrée.
Aujourd’hui, je pense qu’ils peuvent encore la préserver, et en faire un fort atout touristique sans activité minière. Des solutions sont imaginables mais j’ai bien peur, qu’une fois encore, tout cela sera mis en oeuvre trop tard.
A voir et à faire à Potosi !
En attendant, ma position sur le sujet impose de répondre à une question :
A part les mines, que peut-on faire à Potosi et ses alentours ?
Voici donc une liste non-exhaustives, que je vous invite à compléter à l’occasion, via les commentaires en fin d’article :
– Visiter l’incontournable Casa Nacional de la Moneda (prévoir 2 à 3 heures)
– Monter à la Torre de la compagnia de Jesus : depuis ce clocher, vous profitez d’une magnifique vue sur la ville et le mont Cerro Rico.
– Assister à la Fiesta Chu’tillos : elle se déroule le dernier week-end d’août ou le premier de septembre mais entre les deux, il y a aussi la mini-chu’tillos
– Se loger à l’auberge « Casa de Huespedes La Vicuña » : Notre bonne adresse de Potosi avec un patron très sympa. Et, il propose bien sûr la visite des mines, si vous le souhaitez.
– Découvrir le couvent de Santa Teresa : la visite guidée dure presque 2 heures mais il est vraiment splendide
– Aller se baigner dans le lac de cratère Ojo del Inca (Voir photo ci-dessus) : Une eau à 30°, un lieu juste magnifique… Ce site dans les environs de Potosi vaut le détour. Des « camiones » partent de la Plaza Chuquimia, direction Tarapaya. Demander au chauffeur de s’arrêter à El Ojo del Inca, il connaitra.