> Bonjour Aurélie, commençons par tes débuts. Quelle est l’origine de cette passion du dessin ?
Depuis l’enfance. Petite je troquais mes talents contre les crayons de couleurs de mes camarades pour faire leur dessin de poésie. J’en avais toute une collection !!
On me demande souvent quand est-ce que j’ai commencé. Je réponds souvent que ce n’est pas moi qui ai commencé, mais vous qui avez arrêté. Les artistes sont de grands enfants qui n’ont jamais cessé de s’exprimer par le dessin. Voilà tout.
> En quelques mots, quel est ton parcours artistique ?
J’ai fait un bac littéraire avec option lourde d’arts plastiques à Albi, dans le Tarn, puis j’ai intégré sur concours l’école supérieure Estienne à Paris (spécialisé en arts graphique et métiers du livre). Après une première année de mise à niveau métiers d’art très intense j’ai intégré la section métiers d’arts de gravure. J’y ai appris beaucoup de techniques artisanales de l’image imprimée et puis j’ai été diplômée en 2004. Mon projet de diplôme portait sur un carnet de voyage par correspondance sur le thème des petites îles en gravure taille douce.
Depuis je fréquente les salons de carnets de voyages, je fais des résidences artistiques, et expose en France ou à l’étranger.
> Comment le voyage est-il venu s’insérer au milieu de cette passion ?
Naturellement. Je pense que cela a commencé dans le cadre de mes études. Une élève de l’ancienne promo avait été à Québec pour son stage. Mon copain de l’époque qui avait fait une partie de ses études là-bas, m’en parlait souvent. Cela m’a donné envie de voir. Je me suis battue face aux miens pour faire comprendre mon besoin de partir, d’explorer. Je savais que c’était une expérience que je devais vivre. J’ai fêté mes 20 ans là-bas. Cet été là, j’ai enchaîné avec des vacances à barouder en mode camping au Maroc avec mon carnet. Nos profs à Estienne nous encourageaient sans cesse à remplir des carnets pour progresser. Ce fut le cas. Le voyage a été un déclencheur. Après j’avais le virus du voyage ! Tunisie, Sri Lanka, Guadeloupe… le dessin fut donc lié au voyage pour moi ! Une source d’inspiration et un moteur d’évolution.
> C’est quoi au juste une globe-croqueuse ?
Je vois souvent ce terme utilisé à tort et à travers. Je pense que c’est important de connaître le sens des termes que l’on emploi.
C’est un terme hybride faisant référence au « globe-trotter » mais en version artiste. Pour le dessin rapide sur le vif on dit que l’on fait un « croquis » , d’où le terme « croquer », « croqueur(se) ». C’est donc une artiste voyageuse parcourant le globe avec son carnet pour faire des croquis et croquer le monde.
> Comment choisis-tu tes sujets ? Qu’est ce qui déclenche l’envie de dessiner quelqu’un ?
Cela peut être au départ un détail qui m’attire : des motifs, des couleurs sur un vêtement, une allure ou bien une rencontre : une complicité dans le regard, une discussion.
Au début quand je m’installe pour dessiner, il faut que je fasse mes marques. Je dessine donc de loin. Mais très vite, les petits curieux arrivent et après je croule sous des demandes de portraits!
ça m’est arrivé la dernière fois au Burkina Faso. Je n’avais pas eu le temps de faire 3 traits, qu’une femme du marché aux légumes viens me voir et m’invite à leur stand de l’autre côté de la route. J’ai passé trois heures à les dessiner, à discuter et rigoler avec elles. Un fabuleux souvenir!
> Que représente pour toi le sourire ?
Le sourire cela symbolise la joie ou tout simplement la vie ! Dans bon nombre de pays pauvres que j’ai pu parcourir, malgré leur état parfois humble ou miséreux, les enfants gardaient toujours le sourire. C’est une force qu’ils partagent. C’est leur fierté, leur survie. Une leçon de vie pour nous! C’est aussi un langage. Parfois nous n’avons aucun langage commun, sauf le sourire, et beaucoup d’émotions passent à travers le sourire. C’est inestimable.
> Quelle importance y attaches-tu dans tes dessins ?
Dans mes dessins, avant je n’osais pas trop dessiner les sourires (ou alors timidement version Joconde) Surtout les dents ! Un vrai casse-pipe techniquement lol
Mais maintenant, j’ose plus et j’aime cela car la peinture rayonne plus. Le sourire a un pouvoir magnétiseur et cela dégage de la lumière. J’ose espérer que cela donne un bien-être au spectateur, que cela dégage une harmonie, une joie de l’être. Telle que je l’ai ressentie en rencontrant le sujet.
> Quelle est ta création préférée ?
C’est toujours la dernière! C’est un peu comme les voyages : « Le plus beau voyage c’est celui que l’on n’a pas encore fait » (loïc Peyron, navigateur) Et pour ma dernière création, j’ai osé le franc sourire!
Je me suis inspirée (avec son autorisation) d’une photo de Pascal Mannaerts, photographe voyageur. C’est le portrait d’un enfant en Inde sur un stand de pastèques. C’est son sourire radieux qui m’a inspiré! Un coup de cœur !
Habituellement je compose d’après mes propres rencontres de voyage ou par imagination. C’est la première fois que je compose d’après le voyage d’un autre. J’ai été totalement séduite par son travail et nos échanges m’ont mis en confiance. C’est pour cela que je lui ai proposé ce double regard photo/peinture. C’est sûrement le début d’une belle collaboration. Comme quoi, les rencontres du net ont du bon aussi !
> Merci Aurélie pour cette interview et bravo pour ton magnifique travail. Si pour vous aussi, le dessin rythme vos voyages, et que vous souhaitez partager votre travail avec les autres nomades, n’hésitez plus. Comme Aurélie, publiez vos sourires nomades dessinés.