Vous avez plébiscité la formule de l’interview « Mot à Mot » de Tania, nous avons donc réédité l’expérience avec Stéphanie Ledoux.
Globe trotteuse, carnettiste, illustratrice, Stéphanie est une artiste aux mille facettes avec un réel talent au service du voyage et de ses rencontres. Vous allez certainement adorer son univers, et vous n’êtes pas à l’abri d’avoir un coup de cœur pour l’une de ses créations.
A travers ses expériences vagabondes, Stéphanie a pu constater que le dessin, brise la glace, créé un échange et dévoile les sourires. Profitons justement de cette nouvelle série de dix mots pour dessiner ensemble le portrait de Stéphanie, croqueuse de sourires.
Crayon
Mon objet fétiche, sans doute, celui avec lequel je suis immunisée contre l’ennui. On me raconte que petite déjà je pouvais passer des heures dans mon coin à dessiner, que quand le resto s’éternisait, il suffisait qu’on me donne un stylo pour dessiner sur la nappe en papier et être sage… Ca ne m’a pas passé avec l’âge, et même aujourd’hui, c’est l’objet dont je ne peux pas me passer. J’ai découvert en voyage le pouvoir qu’avait le dessin pour créer un échange, quel que soit le pays, et même quand on n’a pas de langue en commun. Il y a un côté magique à reproduire ce qu’on voit, avec seulement un crayon et un bout de papier… Ca touche tout le monde, et pas uniquement les enfants.
Tahiti
Un de mes premiers voyages « de rêve » avec mes parents, à 13 ans, et mon premier carnet de voyage ! Tout était tellement dépaysant, nouveau et extraordinaire, qu’il fallait noter compulsivement les découvertes et le contenu de chaque journée. Aujourd’hui, ce carnet tient de la relique familiale… le temps ayant fait son oeuvre et encore plus idéalisé ce voyage…
J’ai eu la chance d’y retourner en 2005, dans ma « vie précédente » de biologiste, pour y faire un stage sur les… fourmis ! C’était passionnant, mais la proximité de la plage y était pour beaucoup ! J’ai ramené 5 tomes de carnet de voyage.
Enfin, ma meilleure amie vient de s’installer en Polynésie, je pense donc qu’un troisième voyage là-bas s’impose pour bientôt… 😉
Asie
Mon continent de coeur, celui où je me sens bien. Je parle surtout de l’Asie bouddhiste du Sud-Est, que je connais mieux. Quand on est une fille, qu’on va dans des coins complètement paumés pour pratiquer une activité qui sort de l’ordinaire (provoquer un face à face avec des personnes pour les dessiner), mieux vaut se sentir en sécurité. C’est le cas en Asie où je n’ai jamais eu le moindre problème, les gens prenant spontanément soin de ma sécurité, s’improvisant même parfois chaperons !
Et puis j’aime ces cultures, ces visages, ces paysages… je ne m’en lasse pas.
Enfants
Peut-être le fil rouge dans mes dessins et peintures… Parce que partout dans le monde, ce sont les plus spontanés, les plus faciles à « apprivoiser » par le dessin… Pendant que je dessine les enfants, les parents ou d’autres adultes viennent observer, trouvent ça drôle, entament la conversation, ou osent se lancer à leur tour et me demandent leur dessin.
Yémen
Un voyage spécial, puisque c’était sur invitation du ministère du tourisme pour une expo collective de peintures… C’est un pays qui souffre d’une mauvaise réputation et où il est pour le moment déconseillé de voyager, et pourtant sur place, on s’y sent tellement bien accueilli. Je suis tombée sous le charme. Récemment j’y suis retournée, sur l’île de Socotra. Une merveille, un de mes plus beaux voyages, des paysages incroyables, spectaculaires et ne ressemblant à rien d’autre vu ailleurs, une vie simple au contact de la nature, et une vraie spontanéité et hospitalité des habitants. C’est un voyage à faire une fois dans sa vie !
Birmanie
Sûrement le pays auquel je me suis le plus attachée. J’en suis tombée amoureuse en 2009, pour la ferveur bouddhiste qui l’anime, le sacré partout, les paysages sereins et intouchés. J’ai rencontré des habitants d’une générosité et d’une politesse inégalables, timides mais en demande de contact avec les étrangers.
J’ai pu observer les mœurs birmanes et m’initier au bouddhisme grâce à la rencontre de deux bonzes anglophones avides de faire découvrir leur pays : U Pandicca et U Ardicca.
Sourire
J’ai de la chance : Voyager en dessinant crée une curiosité autour de soi, et permet en général, même dans les coins très touristiques, d’éviter d’être perçu comme un touriste-mouton ou porte-monnaie. On s’intéresse à moi pour autre chose, et j’apprécie. Et ça génère des émotions positives : rires, railleries, complicité… Généralement je dessine en cachant mon carnet au modèle, pour qu’il ait la surprise une fois le portrait terminé. J’adore le moment où je dévoile enfin le dessin terminé et vois le visage de la personne s’illuminer ou éclater de rire.
Bagages
Vaste sujet… Je lis sur de nombreux blogs voyages des articles du style « comment optimiser un bagage léger » à l’usage des grands voyageurs et tourdumondistes… Pour moi c’est peine perdue, je n’y arriverai jamais ! A l’aller, j’emporte 3 tonnes de matériel de dessin, car j’ai du mal à anticiper de quoi j’aurai envie sur place. J’amène aussi des petits cadeaux à offrir à mes modèles quand la rencontre prend une tournure sympa… si par exemple je suis invitée chez les gens. Au retour, c’est encore pire : Mon carnet s’est alourdi de monceaux de bricoles glânées sur place (fleurs séchées, étiquettes, échantillons de sable, etc). Et j’ai envie de tout rapporter du pays : graines, sable, artisanat local, qui me serviront dans mes futures créations et pour mes expos. Quand c’est un pays où on trouve du papier, comme la Chine récemment, on peut être sûr que je vais exploser l’excédent de bagages ! Le moment de faire mon sac du retour est toujours une épopée… Heureusement, je voyage souvent avec des gens sympas qui acceptent de partager un peu la charge !
Toulouse
Ma ville natale, mon chez moi, là où je retrouve mes repères, famille et copains, et là où j’aime poser mon sac quand je ne suis pas en vadrouille. Mais je profite beaucoup moins de la ville que quand j’étais étudiante… aujourd’hui j’alterne les phases de découverte intense, et émerveillement en voyage à l’étranger, avec des phases plus « ermite de travail » quand je suis à la maison.
Exposition
C’est la partie « visible » de mon travail et celle qui me fait vivre, me permet matériellement de repartir en voyage. C’est celle aussi qui nécessite un temps de « digestion » du voyage. Je reviens avec des milliers d’images en tête, des carnets foisonnants de croquis… Je remets tout ça en forme « au propre » pour en faire des peintures plus abouties… la version finale et montrable de mon travail… Toute l’ironie, c’est que je me sépare de ces peintures, je ne garde pour moi que les carnets faits sur place, et que je chéris comme des trésors. Ils sont imparfaits et pas toujours très aboutis, mais finalement pour moi, ils ont plus de charme comme ça.
Merci Stéphanie de nous avoir consacré un peu de ton temps pour cette deuxième interview « Mot à Mot ». Vous pouvez découvrir dès que possible ses magnifiques carnets de voyage sur http://stephanie-ledoux.blogspot.fr/ .